« Après trois consultations de dépistage, je suis résolue à ne plus prendre de risques »
Ces
dernières années, Marie a poussé à trois reprises la porte de la
consultation de dépistage proposée par le service de santé affective, sexuelle et réduction des risques . Chaque fois, c’était
après avoir entretenu des rapports sexuels non protégés. Aujourd’hui,
elle accepte de revenir sur ces consultations, qu’elle qualifie de très
humaines et dépourvues de tout jugement. Heureusement, pour Marie, les
résultats des analyses se sont chaque fois révélés négatifs. Mais
l’essentiel n’est pas là : à présent, elle a décidé de faire une croix
sur les prises de risques. Interview sans faux-semblants.
Pourquoi vous êtes-vous rendue à la consultation de dépistage ?
Tout
simplement parce que j’avais entretenu des rapports sexuels non
protégés. Par après, je voulais avoir mes apaisements, être certaine de
ne pas avoir été contaminée par quoi que ce soit. C’est arrivé à trois
reprises, environ à une année d’intervalle.
Après votre première expérience, vous n’avez pas eu peur de reprendre des risques ?
C’est
vraiment une excellente question (rires). Oui, c’est vrai qu’après
avoir pris des risques, j’ai eu peur à chaque fois. Mais je serais
incapable de vous dire pourquoi j’ai à nouveau entretenu des rapports
non protégés par après.
A mon sens, on vit dans une société où l’on se dit que « tous les problèmes peuvent être réglés par après ».
pour moi
J’avais
beau savoir que le SIDA ne se guérit pas, il faut croire que j’étais
plus insouciante qu’aujourd’hui. A présent, les prises de risques, c’est
terminé
"Jamais je ne me suis sentie jugée"
Comment avez-vous été accueillie lors de vos consultations de dépistage ?
Les
différents intervenants auxquels j’ai eu affaire étaient extrêmement
humains. Jamais je ne me suis sentie jugée. On m’a posé des questions
précises, comme le fait de savoir pourquoi je consultais. Mais on ne m’a
pas obligée à répondre. J’ai aussi trouvé que le discours de prévention
était efficace.
Justement : avez-vous appris des éléments que vous ignoriez sur les infections sexuellement transmissibles ?
Je pensais être déjà bien informée sur le sujet mais je me trompais. J’ai par exemple appris que le papillomavirus
pouvait être transmis alors qu’il restait indétectable. Plus étonnant:
on m’a dit que certains individus étaient porteurs sans ressentir aucun
trouble. Cela encourage évidemment à se protéger au maximum…
Ces consultations se distinguent par leur anonymat. Est-il vraiment respecté ?
J’estime
que c’est le cas. Jamais, on ne vous demande votre nom. Vous recevez
une carte portant un numéro. Au moment de venir chercher vos résultats,
on vous demande simplement cette référence. C’est un gage de confiance,
même si, en ce qui me concerne, je ne m’inquiétais pas trop à ce sujet.
A votre avis, qu’est-ce qui pourrait faire hésiter le public concerné à venir consulter ?
Je
pense que certaines personnes ont toujours honte à l’idée de venir se
faire dépister. Le jugement effraie, alors que, justement, on ne le
ressent pas du tout lors de la consultation de dépistage.
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